[Chronique] Un petit glaçon dans la tête de Valérie Péronnet

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Publié aux édition calmann-lévy – 2016 – 240 pages

Lu grâce à Netgalley et calmann-lévy

resumeMax ne grandit pas comme les autres petits garçons: les mots peinent à s’extraire de sa bouche et il regarde le monde comme une immense palette de couleurs. Même quand sa petite sœur Emma voit le jour, il ne parvient pas à lui parler. Ses parents se font de plus en plus de souci, surtout depuis qu’il se cache mystérieusement sous l’escalier. Des années plus tard, Max est un adulte toujours ancré dans l’enfance, mais qui tente enfin de reconquérir la parole manquante.

Quelle est l’origine de son silence ? Est-il dû aux fureurs et aux larmes de sa mère? Comment se fait-il que Max sente dans sa tête un grand froid qui glace ses pensées ? Emma parviendra-t-elle à aider son grand frère à revenir au monde ?

Un second roman tendre et poétique, construit en allers-retours entre enfance et âge adulte, insouciance et non-dits, secrets de famille et ricochets.MONAVISV2

Dans ce roman nous allons passer notre temps auprès de Max, différent des autres garçons de son âge. Pour Max, les mots sont difficiles à exprimer et il se complaît dans le silence. Il ne communique pas vraiment, sauf avec sa petite soeur et encore ce n’est pas par la parole…Lui il voit le monde aussi différemment, comme une gigantesque palette de couleurs, il est capable de préciser la nuance de chaque couleur et d’ailleurs cela le passionne. Pour échapper à son quotidien Max se cache souvent. Mais à l’âge adulte, Max est encore ancré dans cette enfance et il cherche enfin des réponses…pourquoi se sent-il comme ça ? Pourquoi ne peut-il pas s’exprimer ? Et pourquoi il sent un froid glacial dans sa tête ? Emma sa soeur adorée va tout faire pour le faire renaître et avancer.

La narration se fait du point de vue de Max et alterne entre moments présents (âge adulte) où il est « interné » dans une institution psychiatrique et enfance où il nous narre ses expériences, comment il a pu en arriver là. Petit à petit son fil de pensées se déroule et il va tout faire pour comprendre ce qui fait qu’il est comme ça. Comprendre sa famille et ses secrets, entendre les non-dits. Et si tout ça n’était qu’un immense ricochets d’une famille en souffrance ? Si Max veut se comprendre il va d’abord devoir comprendre ses ainés. Nous aurons aussi le plaisir de voyager entre la France et le Québec pour le plus grand plaisir de Grand-Pierre.

Les personnages de cette histoire sont attachants pour la plupart. Ainsi il est très facile de se prendre d’affection pour Max, qu’il soit à l’âge adulte ou encore enfant. Sa vision unique du monde est touchante. Max n’est pas fou, il est différent et il appréhende les choses avec une sensibilité unique, une vision colorée et poétique. Même s’il lui est difficile de communiquer, il fait tout son possible pour avancer. Quand il aura le déclic, les progrès viendront d’eux même. Sa soeur est vraiment très touchante aussi. Elle l’aime de tout son coeur et n’a qu’un rêve : qu’il s’en sorte. Elle est prête à tout pour lui et nous ressentons un amour inconditionnel entre eux qui est vraiment beau. En revanche les parents ne se préoccupent pas trop de lui…Mais je vous laisserai découvrir pourquoi. Mon personnage préféré est sans doute Grand-Pierre, le grand père du Québec qui est très attachant et n’a pas été épargné par le drame et les secrets lui non plus. La figure maternelle est sans doute plus incarnée par Mouna ( j’ai un affreux doute sur le prénom au moment où j’écris cette chronique et pas le livre sous la main), la femme qui vit chez eux et s’occupe de la maison. Elle tient tellement à Max que c’est une très belle relation qui les unit.

L’écriture est simple et efficace. Nous avons vraiment l’impression d’être dans la tête de Max, de ressentir ses peurs, angoisses, émotions, de comprendre ses blocages, ses interdits et tabous et nous ressentons presque le froid glacial qui emprisonne son cerveau. Nous aurons plaisir à lire son histoire et à le voir se développer, à comprendre la quantité de secrets de famille et ses conséquences pyramidales, à rencontrer des gens exceptionnels (son amie de l’institution et leurs apéros colorés). Nous passons vraiment un moment tendre et agréable dans ce roman plutôt court qui nous emmène à la rencontre d’un garçon certes pas comme les autres mais qui ne demande qu’à être aimé et compris. L’auteure a su faire preuve de psychologie et adapter sa plume aux paroles de Max et à son enfance qui l’emprisonne sans pour autant faire un récit d’enfant. C’est à la fois fragile et mature, beau, sensible, touchant et triste.enbref

Une jolie histoire toute en douceur sur un garçon pas comme les autres et qui voit le monde différemment. Enfermé dans son silence, Max va partir à la recherche des souvenirs et secrets de famille pour comprendre pourquoi il en est là. Des personnages attachants et touchants et une plume sensible, poétique font de ce livre un moment de bonheur.

MANOTE

16/20

23 réflexions sur “[Chronique] Un petit glaçon dans la tête de Valérie Péronnet

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Oh, l’histoire a l’air absolument magnifique ! Je n’étais pas hyper fan de la couverture, mais tu m’as fait totalement craquer avec ton avis, alors je note 😀

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  2. Puy des Livres dit :

    Un roman qui m’a l’air poignant. Au tout premier abord, il m’a fait penser au livre Le silence de Mélodie que j’ai beaucoup aimé. Pourquoi pas lire l’histoire de Max mais ça ne serait pas dans l’immédiat.

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  3. Aude-Garance dit :

    C’est aussi le récit d’un amour inconditionnel entre un frère et une sœur, avec de délicieux jeux de mots comme ce lien entre eux: le fil-de-frère. Et cette petite sœur prénommée Emma comme la chanson: « Et je ne sais pas si jamais cœur aima aussi fort que moi »…
    Si Max est si différent, c’est suite au non-dits, du vécu de sa mère, qui elle aussi le .détient de ses parents. Tout ce silence pèse lourd. La guerre,des Juifs cachés,puis une vie qui se poursuit au Québec pour les Grands-parents maternels.Des drames, qui se transmettent de génération en génération, comme un copier-coller.
    Un dialogue aurait peut-être suffit à sauver ces êtres en perpétuelle souffrance!
    Belle plume que celle de Valérie Péronnet pour ce sujet qui mêle autisme, fraternité, amour,complicité,lâcheté bref une vision de la vie….qui a souvent pour décor, les couleurs de la peinture, ainsi que les odeurs de la pâtisserie.

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    • BettieRose dit :

      Merci pour ce joli commentaire 🙂
      Oui c’est de l’amour inconditionnel, si puissant, si « magique ».
      Un silence, des secrets de famille et voilà un enfant accablé, qui porte ce fardeau qui, pourtant, ne lui est pas destiné.
      La plume est belle, il est vrai et les sensations décrites avec la plus grande justesse.
      (PS : je n’ai pas développé sur les drames dans ma chronique pour ne pas « spoiler » mes lecteurs, mais en commentaires pas de soucis)

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